Il y a deux cent quarante millions d’années, cette île de l’océan Indien était encore soudée au Gondwana... Alors, les palmiers prédominaient. Les arbres à fleurs, les oiseaux, les mammifères n’existaient pas encore. Les seuls sons de la forêt étaient ceux des rivières et des palmes dans le vent.
Sous-tendue par le poème La forêt m’écrit, la série Le sec et la sève comprend : Le temps calligraphe, La forêt me
regarde, Dans les plis du sec. En communion avec la forêt, et par elle reliée à l’immémorial, l’auteure célèbre ces
instants de grâce où celle-ci lui tend des images (...).
S’adressant à l’enfant qui demeure en nous, « indéfiniment vivant avec son insatiable faim d’harmonie » cette œuvre
suggère que l’homme peut se réconcilier avec son regard premier, pour peu qu’il accepte de voir par soi-même et
en retour d’être regardé par celles et ceux — ou ce qu’il voit. Elle lui propose de tenter un regard déconditionné,
humble, recueilli ; prêt à entendre ses images intérieures, désireux d’y accéder et d’en savourer la valeur.
EXPOSITION, PROJECTION, LIVRE D’ARTISTE.
Le sec et la sève, est mon premier travail photographique. Je dirais plutôt qu’il s’est agi de « notes poétiques photographiques » — dans le sens d’écriture en chemin. Notes comme suspendues, dans la réminiscence d’une minuscule forêt primaire, unique au monde* et in extremis préservée. Une forêt dont la naturalité remonte à la formation des continents et dont la puissante présence nous révèle à nous-mêmes.
Ma rencontre avec cette forêt fut un émerveillement, et une expérience indicible. Précisément parce qu’en ce lieu,
ma pratique des mots s’est trouvée déstabilisée par des « visions » qu’il m’importa alors de « noter avec l’appareil
photo » ; ceci hors de toute approche technique préconçue, comme on le ferait d’un mot ou d’une grappe de mots
qu’on veut soustraire à l’oubli. Entre dire et montrer, j’ai fait le pas d’écrire images et poèmes dans un même souffle.
Cette démarche est à l’opposé de l’illustration.
Je suis revenue souvent dans la cathédrale de palmiers endémiques et là, recueillie, j’ai voyagé dans la prodigieuse
capacité de régénérescence du végétal. Ainsi, est née Le sec et la sève, dans une relation pacifique, réciproque et
vivante avec la forêt.
* Photographies prises dans le Parc national de Praslin (archipel des Seychelles).
Extraits du poème Le sec et la sève, de Marie Meulien
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